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LE BLOG DE LA JAMAIS CONTENTE.
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8 novembre 2007

James Bombinette.

c26

 

Après avoir essuyé plusieurs tirs de missile, semé un hélicoptère de combat et filé sous le nez d’un train fou, j’avais foncé dans le vide aux yeux et à la barbe de mes adversaires avant que la 205 GTI ne déploie son parachute et n'atterrisse en douceur au fin fond du canyon. Ces négligeables petites anicroches ne me dispensèrent pas de déplorer trois vilains grains de poussière sur mon costume impeccable. Ma prochaine mission plus top que secrète m’emmena vers les routes verglacées de l’ouest canadien et les terrains glissants de la redoutable Priscilla.

 

Rien que pour ses yeux de glace, je me devais de sauter de l’avion cargo en 205 GTI. Cela épatait davantage la galerie que d’arriver par le car de 11 heures 17. Ma fidèle "115" ayant été précédemment pulvérisée par une plante vénéneuse du KGB, Q m'avait confié la dernière évolution 130 ch. Je repris rapidement mes repères derrière la batterie d’instrumentation tape-à-l'oeil alors que la moquette sanglante et les lettres G.T.I. frappées au fer rouge sur le volant heurtaient violemment ma rétine.

 

A l’ouverture de la soute, le grand vide me happa dans son gouffre enivrant. La 205 hurlait en piqué entre les cimes d’or blanc. Il me fallut bientôt gonfler le parachute arrimé à mon chariot de feu. C'eût été le comble si un chasseur à réaction n'eut point rodé dans les parages. Il y en avait toujours un dans la distribution. La boule de feu que j’aperçus dans le rétroviseur corrobora mon pressentiment. L'ennemi venait de griller mon champignon de toile et mon estomac d’homme qui tombe à pic encaissa la chute. Les MXV série 55 mordirent la poudreuse sur les flancs enneigés quand, sous mes yeux, l’aiguille du compte-tours s’envola vers la zone d’adrénaline.

 

Assez joué au chasse-neige, je décidai de couper par le lac gelé. Il y avait certes plus futé pour échapper à des poursuivants armés de têtes chercheuses, mais Priscilla détestait attendre et je ne me voyais guère faire la queue au télésiège avec mon smoking et ma paire de Church’s. L’ombre menaçante d’un bombardier lourd ne tarda pas à planer au dessus de moi. Enfin un compagnons de jeu à ma mesure ! A travers mon toit en verre, je vis sombrer sur moi une pluie de bombes étincelant au soleil. Sur l’une d’entre elle, je crus lire de jolis noms d’oiseau sans doute esquissés par Priscilla. Je louai sa jalousie comme un don du ciel. Rien de tel qu’un bon slalom pour tester la "130". Les premières explosions me ballottèrent dans une grêle de glace acérée me forçant à zigzaguer en contre-braquages acrobatiques.

 

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A la livraison de mon nouveau joujou sur-alésé, je crus un instant devoir regretter les saveurs authentiques de ma teigneuse "115" trop vite disparue. Aucun minet n’avait oublié la traumatisante émasculation de la Golf GTI. Préservé des coquetteries édulcorantes telles que la direction assistée, le freinage ABS ou la surmonte pneumatique de trop, je retrouvai fort heureusement la vivacité de ma traction ludique débordant de hargne dès la première dérobade du train-arrière. Dans ce balais exaltant avec la faucheuse, ma petite salope rouge ne glissait pas, elle dansait. Sa petite boîte à musique râpait dans les graves, faisait trembler mes tympans, exacerbait mon excitation. 

 

Le plus lourd que l’air, à cours de feu d’artifice, capitula. Reprenant le fil d’un bitume oublié depuis longtemps, je me mis à négocier les lacets à la corde et les courbes de niveau de-crescendo jusqu’à la plaine. Survirage maîtrisé, début de sous-virage, décrochage de l’arrière, la 205 déglutit les méchantes courbes avec force boulimie tandis que je m’imaginais prendre Dame Centrifuge par la taille en un tango ardent ne pouvant se conclure qu’à l’horizontale.

 

Arrivé triomphalement devant le chalet de Priscilla, je ne pus réprimer un dernier dérapage contrôlé pour la frime, indifférent que j’étais aux charmes des beaux créneaux de professeur d’auto-école. Puis, le pas conquérant, l’œil de braise et la gestuelle animale, je m’en suis allé susurrer à l’oreille de la miss Iceberg qui avait « failli attendre » qu'il convenait de rester prudent par ces temps-ci. 

 

Ce à quoi la scélérate répondit :

 

" _ Au lieu de rouler des mécaniques avec ta chignole de kéké, tu ferais mieux d’aller torcher les gosses, espèce de bon à rien !"

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