Désamour.
"Par amour de l’automobile", le dernier slogan de Volkswagen n'aura à mes yeux jamais dépassé les plus basses altitudes de la démagogie tant il en est de l’amour dans l’industrie automobile comme de l’amitié dans les OPA.
Des clous ! Par appât du gain sinon par crainte de perdre ses billes, Volkswagen fabrique des automobiles fruits d’une équation savante de coûts maîtrisés, le tout dégageant une marge bénéficiaire dont l’entreprise et ses actionnaires tirent leur excès de cholestérol une fois les bouches en trop sacrifiés sur l’autel de la rentabilité. Voilà qui nous emmène assez loin, convenons-en, des plus ardentes passions amoureuses.
D’autant que les tubercules produits par Volkswagen ont atteint un nouveau summum en matière de tue-l’amour. Je me tins récemment cette réflexion dans la galerie d’un temple de la consommation où votre serviteur se consume la cervelle lorsque les plus triviaux instincts de survie poussent l’homme moderne vers les parkings à caddies. Davantage portés sur l’automobile que sur les torchons à carreau par le déterminisme d’obscurs instincts, me voilà bientôt au prise avec un jeune représentant Volkswagen venu courtiser la classe moyenne avec voitures en stock, table en kit et sourire en bandoulière. Malgré un pouvoir de persuasion à vous faire passer Cuba pour le paradis de la presse d’opinion, le frétillant freluquet ne parvint pas à m'arracher les manifestations sous-jacentes du Désir alors que la patate tuméfiée dans laquelle il tenta de m'engloutir me semblait aussi émoustillante qu’un séjour dans les geôles de l’ex-KGB. Mes réticences eurent finalement raison de ses stratagèmes. En une ultime tentative de séduction, il me remit toutefois l'un de ces luxueux catalogues promettant son lot de bonheur artificiel en quadrichromie.
Horreur. Au fil des pages puant le produit chimique à faire risquer l’overdose à un accroc du genre, mon intérêt se dilua dans la froideur clinique de photos funestement inexpressives à force de lumière aseptisée et de retouche informatique. Dans le vide intersidéral d’un texte consternant de platitudes, des mots tels que « passion » ou « désir » n’en paraissaient que plus creux. Réprimant un mouvement de panique incontrôlé, je fusai au dehors dans l’espoir d’apercevoir un coin de ciel bleu non encore factice.
Parvenu en mon logis, je découpai consciencieusement les Golf de ma brochure pour mieux en décorer mon papier toilette. J'encourage vivement toute âme sensée à reproduire ce geste de salubrité publique.
Par amour de l’automobile.