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LE BLOG DE LA JAMAIS CONTENTE.
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26 novembre 2008

Première fois.

Photo_de_famille_1

Qu’il s’agisse de Byzance ou de la Bérézina, l'on n’oublie jamais sa première fois. La 305 Peugeot fut ma première expérience… automobile et le moins que je puisse dire, c’est que cette liaison juvénile tenait davantage du mariage obligé que du coup de foudre. Et ce malgré des innovations aussi fracassantes que la planche de bord rembourrée ou la commande de chauffage illustrée de petits bonhomme lumineux.

C’était pourtant une bonne fille, serviable et douce à conduire, cette 305. Hélas, dès qu'on lui tirait un peu trop dessus, son petit cœur d’aluminium s'affolait et elle se mettait à piailler comme une jouvencelle effarouchée, quand elle ne se couchait pas au premier virage dans la fureur des hauts régimes. En somme, tout le portrait de XXXX, ma compagne de galère, que j’aurais volontiers culbuté sur le siège passager si les technocrates de la production de masse n’avaient privé les 305 GL de dossiers rabattables. Ce genre de privilège était en effet réservé aux bourgeois possesseurs d’un modèle GR. Quant aux nantis ayant accès à la version SR, ils jouissaient, luxe suprême, d’une boîte à gant fermant à clé et d’un « lecteur de carte » amovible hésitant entre le rasoir électrique et le cadeau Bonux.

Heureusement, l’immense volant rendait toute assistance de direction superflue. Ceci dit, une cinquième vitesse, inconnue de cette auto, aurait davantage tenu de la charité que de l’excès de largesses vu la complainte insoutenable poussée par le pauvre 1300 qui moulinait comme un veau en fond de quatrième sur les portions d’autoroute. En courbe, la prise de roulis était telle qu’il valait mieux mordre sur la chaussée d'en face de peur d’envoyer passagers et marchandises par dessus bord. Il faut bien préciser que dans la période d'hystérie anti-gaspi qui vit naître la 305, Peugeot n'avait pas trouvé de meilleur remède que le sous-dimensionnage excessif des montes pneumatiques.

Ne sachant trop où le constructeur avait dissimulés les soixante cinq canassons-vapeur officiellement déclarés aux Mines, je développai des capacités d’anticipation dignes d’un pilote professionnel. A tel point que la prise d'élan préventive et le recours d'urgence au troisième rapport devinrent chez moi des réflexes pavlovien à l'approche d'une cote dangereusement pentue ou dans la perspective angoissante d'un dépassement coupe-gorge. Autant d'adrénaline et de sueurs froides que la 305 procurait pour pas cher dans les limites des allures d'avant-guerre imposées par la loi.

J’aurais pu l’ « oublier » au fond d’un ravin ou d’un lac, je l’ai retrouvée récemment dans un garage de la propriété familiale, traînant là comme ces babioles inutiles que l’on a jamais le courage d’éliminer sous prétexte de sentimentalisme niais. Errare humanum est.

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Commentaires
J
Je connais bien ça, avec ma Fiesta de 1988: la sous-puissance, le sentiment d'insécurité, le sous-équipement... Ca fait 6 ans que je l'ai et depuis presque autant de temps, je suis censé "changer de voiture dans quelques mois."<br /> <br /> Le week-end dernier, j'ai emprunté une Fiesta chez Ford. J'ai été déçu: en 20 ans, finalement, le bon en terme de reprise et d'équipement n'est pas si important que ça.
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