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LE BLOG DE LA JAMAIS CONTENTE.
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5 décembre 2008

Angelina.

c16

De la supériorité absolue du deuxième sexe sur les mâles beuveries de troisième mi-temps, Angelina m’en avait amplement convaincu à force de démarche féline et de langueurs affolantes, lors de ces étés torrides où son impudeur me laissait entrevoir l’antre du buisson ardent. Angelina n’avait certes pas inventé la culotte remonte-fesse ni le préservatif rhum-coco, et ses débardeurs à l’opacité douteuse m’ont davantage posé de problèmes métaphysiques que ses thèses sur le discours de la méthode, mais à mes yeux aveuglés de désir, la pire des bimbos ne se serait jamais abaissée à descendre aussi bas dans la médiocrité qu’un crétin velu la queue en l’air.

Le soir venu, lorsque nous descendions le front de mer à bord de sa jolie petite Lotus jaune, je jurais qu’aucune femme n’eut été assez minable pour jamais s’acheter un 4x4. Assez imbécile pour se croire invulnérable dans un pavé lourdingue. Assez lâche pour intimider de son tank tous ceux dont le véhicule accuserait une carrure moins dissuasive. Assez abrutie pour rouler sur les itinéraires pédestres comme sur une nationale au mépris des troupeaux et randonneurs. Assez pitoyable enfin, pour faire des promenades bucoliques en sous-bois le consternant spectacle de crapahutages grotesques.

c16

Je perdis définitivement ma débilité quelques années plus tard, ce jour sinistre où j’ai retrouvé Angelina sur le parking d’un temple de la consumation (sic) de masse. Je la revois encore avec son chariot, se démener dans ses bourrelets naissants de mère pondeuse usée avant d’être vieille, accablée par son monstre à poil et ses petits tyrans déficitaires en paires de baffes qui usaient de chantage lacrymal pour une histoire de marque céréalière. Je devinais, sous son maquillage cireux de mort-vivante, ses premières ridules et derrière ses lunettes d’enterrement, son regard éteint, ruiné par l’assommoir quotidien d’un bonheur artificiel en trois sans frais.

Horreur, la jolie Lotus de nos étés révolus avait laissé la place à la dernière monstruosité à la mode dont le nom aussi poétique que "Defoncer", "Terrasor" ou "Deforester", m’afflige encore. Elle l’avait garée juste devant l’entrée, sur l’emplacement dévolu aux handicapés. Tout ça pour épargner à sa marmaille l’outrage inadmissible de cinquante mètres de marche à pied. Puis elle est partie, vulgaire et sans grâce, dans les effluves de son turbo-tracto-sport. J’en ai pleuré.

Moralité : maintenant qu'elles ont accès aux mêmes attributs virils, les femmes sont définitivement les égales des blaireaux.

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Commentaires
P
Comme cela doit être dur de perdre ainsi ses illusions, mais comme cela est magnifiquement écrit...<br /> <br /> Personnellement, mes références me poussent à me remémorer cette photo des années cinquante où Sophia Loren est alanguie sur l'aile avant de la Mercedes 300 SL de son Carlo Ponti de mari et où l'on ne sait qui, de la belle ou de la bête, vous transperce les prunelles pour mieux vous atteindre en plein coeur.<br /> <br /> Mais le destin humain à ceci de cruel que cinquante ans plus tard l'on fantasme toujours sur les courbes de la 300 SL alors que la belle Sophia, tout comme le sera Angelina, est définitivement disqualifiée des couvertures glacées des magazines et des mains autrefois avides de ses charmes.
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