La laideur se vend bien.
La laideur se vend mal affirmait le père de l'esthétique industrielle, Raymond Loewy, dans son célèbre ouvrage manifeste paru en 1952. Faux, archi-faux, triplement faux ! A l'époque même, le succès d'atrocités telles que la 2CV ou la Volkswagen lui donnait déjà tort.
Oui, la laideur se vend bien ! Très bien même ! Voilà une valeur sûre, un fort bon placement et un sacré fond de commerce tant abondent les contre-exemples ! Comment expliquer que Citroën ait pu hisser sa si vilaine Ami 6 en tête du marché français en 1966, performance qu'aucun autre modèle aux chevrons n'a depuis égalée, ou que le même constructeur, décidément très en pointe lorsqu'il s'agit de monstruosité, ait accompli l'exploit d'écouler plus d'un million de Visa et autant de C15 ? Et surtout, comment s'étonner encore que la plus belle progression commerciale du groupe Renault en 2007 s'appelle Dacia Logan ? Faut-il n'avoir aucun orgueil pour se montrer au volant de pareil laideron sans s'être préalablement enfilé un sac poubelle sur la tête ?
En son temps, Raymond Loewy avait élaboré une très intéressante théorie sur la 2CV qu'il aborda sous l'angle psychanalitique. Pour lui, le complexe d'acquisition répandu chez les petites gens impatients de consommer comme les autres, entraîne la culpabilité de vivre au dessus de ses moyens, en conséquence de quoi le brave monsieur Dupont s'achète une 2CV comme pour se punir. La 2CV agit donc comme une absolution par le masochisme à un complexe irrépressible. Quant à la Volkswagen, Loewy la trouve non seulement laide, mais également fort bête. L'acquisition d'un tel monstre ne peut relever selon lui que d'un cas de masochisme avancé.
Remplacez "2CV" et "Volkswagen" par "Logan" et ce raisonnement ne perdra rien de son actualité.