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LE BLOG DE LA JAMAIS CONTENTE.
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17 décembre 2008

Citrouille transgénique.

c20

Minuit moins le quart, Nationale 134, circuit ouvert à la raison du plus fou. J'étreins la route entre Aires sur l'Adour et Pau. Dans ce corps-à-corps à quitte ou double avec la force centrifuge, je m’envoie en l’air à chaque virage. Derrière, la S4 a lâché prise, même la M3 n’a pas tenu de rythme. Seule la Carrera 2 s’accroche encore. Je sens son souffle rauque pulser dans mon dos. La lutte pour l’honneur m’envenime, m’emporte dans sa sublime absurdité. Cinq mille tours minute et encore du coffre, la furie débridée de mes six cylindres en ligne a réveillé la bête humaine. Alors, approche, jolie môme, viens que je t’emmène à présent sur mes terres, là où même les Porsche ne m’effraient plus !

J’attaque, mords méchamment la corde, tends ma trajectoire sur toute la générosité d'une ample courbe. A la reprise en sortie, les élans lyriques de mon pur-sang me propulsent dans des états d’euphorie orgasmiques. Hurle, vocifère, rends-moi fou ô ensorcelante catin d’acier incandescents et de cuirs érogènes ! Cinquième, quatrième, pied à la planche, le coup de grâce. 180, 190, 200... point de limitation autres que celles fixées par la faucheuse.

A la radio, Noir Désir éructe son désespoir de vivre. Le vent nous portera, toi et moi, prions seulement le Diable de mourir jeunes ! La route me paraît déjà trop étroite quand les bordures de platanes referment sur moi leur cercueil de verdure. Je touche l’absolu du pied droit tandis que mon existence défile à près de 300 à l’heure jusqu’à ce que sonne l’hallali, là-bas, au bout de la ligne droite. Contempler la Mort au plus près du gouffre, quelle incommensurable vanité de oisif blasé de vivre !

23h 59. Un brusque à-coup et mon aileron se barre. Je crains l’embardée. Je sens un soudain flou dans ma direction, mais que m'arrive-t-il ? La Carrera refait surface. D'ordinaire, monter en régime m'aurait suffi à la descendre pour de bon. Las, plus de réponse sous le pied droit. Le cauchemar. La cavalerie n’arrive pas à la rescousse. Mes forces s’amenuisent. Il me semble tourner sur cinq pattes et voilà que je perds un cylindre supplémentaire ! O rage, ô Diesel ennemi, ma zone rouge est redescendue dans des abîmes de médiocrité agricole ! Je n’entends plus que le râle déchirant d’un veau qu’on étouffe. Plus rien au dessus de quatre mille tours. C’est fini, la 964 m’envoie dans les cordes. Impossible de revenir. Je crois partir pour de bon dans le décor alors que je me déhanche comme un landau et que mes pneus éreintés me crient d’achever leur supplice. Ma tenue de cap confine au flou artistique. J’ai dû crever. L’angoisse du louvoiement s’empare de moi. Il faut tout arrêter. Au moindre coup de frein, mes pauvres plaquettes semblent déjà partir en fumée. Ça sent le roussi, mon terrain de jeu favori n’est plus qu’un chemin de croix.

Minuit passé d’une minute. Par miracle, je parviens à achever ma course en un seul morceau, non sans avoir labouré le bas-côté. Le passage foudroyant de mes adversaires me ballotte comme une coquille de noix. Je descends constater les dégâts. Horreur, ma caisse est nue de tout habillage aérodynamique. En lieu et place de mes jantes de supercar, je ne trouve que la platitude désopilante d’enlaidisseurs en plastique ceints de misérables galettes tendres. Consternation et bouche bée, mes montes pneumatiques ont rétréci de cinq ou six pointures au moins. Retenant un cri, je m’écroule à même le sol sous le poids de la confusion. Au bord de la crise de nerf, j’ose encore regarder dans les phares ma mutante, laquelle ne me renvoie qu’une expression idiote de cétacé inoffensif.

La fée Lotus avait dit vrai. Passé minuit, l’Omega est redevenue citrouille.

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Commentaires
P
Il y a deux ans, dans un gymkhana, au beau milieu des barquettes, des monoplaces et des Rallye III Alphi (160 bourrins fragiles comme du cristal), s’est pointée une Oméga même pas Lotus, limite « rat » (les fans de Harley pourave me comprendront). Le public se préparait à lui jeter des tomates pourries. Quand elle eut fini son passage, en travers partout mais sans jamais toucher une botte, ce fut un gros silence…
O
J'ai encore en mémoire la silhouette de cette Opel Omega aux muscles hypertrophiés. <br /> <br /> Waouh!<br /> <br /> <br /> Du genre: même si je te vois pas, je suis obligé de te voir! <br /> <br /> Et si je te vois, j'en prends plein mes petits yeux!<br /> <br /> <br /> Est-ce que cette voiture roule trop vite ou vole trop bas? <br /> <br /> Question existancielle des Forces de l'ordre au moment de dégainer le chéquier vert, se grattant la tête sous le képi, en quête d'un intitulé verbalisateur.<br /> <br /> <br /> Même effets avec la Ford Sierra Cosworth et son inoubliable aileron "pelle à tarte" que singent à grand peine des boutonneux pubères tout juste aptes à la conduite sur leurs bouses délavées en plastique égayées du joli macaron rouge vif "A" sur fond blanc! <br /> <br /> <br /> Les deux germano-américaines sont autant de "revivals" des muscle cars américains des 60's; le principe étant de prendre une caisse bête et méchante tombée des chaînes et de lui administrer un traitement de cheval-vapeur hormonal et vitaminique ! <br /> <br /> L'EPO avant l'heure!<br /> <br /> 1966: autres temps, autres moeurs!<br /> <br /> Chez les Ricains, pour avoir de la puissance, point n'est besoin de greffer des culasses multi-soupapes avec une forêt d'arbres à cames!<br /> <br /> Trop compliqué!<br /> <br /> <br /> Non, on prend un V8 réalésé (aux cylindres de chambres élargies), on ajoute un arbre à cames aux levées plus "pointues" culbuté, oui, oui!<br /> <br /> Une culasse travaillée pour laisser respirer le moteur à pleins poumons et enfin une batterie de carburateurs pour étancher la soif du petit monstre; c'est qu'il a soif. <br /> <br /> Mais bon, vu comme il bosse, alors il a le droit!<br /> <br /> <br /> Je sens que ceux qui roulent en Hdi, pour lesquels le seuil psychologique de consommation est de 5,5 l/100, vont se sentir très mal... <br /> <br /> <br /> Les V8 gargantuesques au ralenti cahotique et aux râles issus du mont Léthée d'une Stang "Big block" n'ont rien de commun avec la gentille Ford Mustang de 120 ch et boîte méca 3 rapports de la ménagère des suburbs, qui en douterait?<br /> <br /> <br /> Juste le flacon, et rien d'autre!<br /> <br /> <br /> Je n'ai plus en tête les données techniques des deux monstres du jour et je n'aurai pas la cuistrerie de fouiller mes archives pour vous les asséner au moment du coma digestif.<br /> <br /> <br /> Vingt ans plus tard, nous avons tout de même le recul nécessaire pour parler de celles qui ont échappé à une sortie de route forcément "velue", et de celles qui survivent telles des zombies avec un entretien approximatif de fournitures Carrefour 1er prix et une main d'oeuvre à bout de bras cassé de chez "Feu rouge", "Sudauto", "Eldoblaireau" qu'un judicieux éclairage bleuté transperce!<br /> <br /> C'est à ce genre de détail qu'une frange de décérébrés de la chose automobile se rassure et s'apprécie tout comme les chiens ont pour coutûme de se renifler le derrière pour se reconnaître et de japper, la langue pendante et l'appendice caudal remuant!<br /> <br /> <br /> Or donc, ce qui me chagrine sur les Lotus Omega et Sierra Cosworth, ce sont les soins d'horlogers suisses qu'il faut prodiguer à d'authentiques purs sangs, si le souhait du propriétaire et forcément passionné, est toutefois de les conserver dans l'état d'origine. <br /> <br /> Le damper du maintien du turbo de la Sierra Cosworth a le mauvais goût de rompre du fait des vibrations, et le changer tous les 10 000 km est obligatoire. <br /> <br /> Par chèque ou carte bleue?<br /> <br /> <br /> L'extraordinaire chassis de l'Omega de base, a su mettre en valeur la puissance échevelée de la Lotus, mais il faut bien avoir à l'esprit que de telles qualités mécaniques et routières d'autos de cet acabit se monnayent par un porte-feuille largement ouvert.<br /> <br /> <br /> Ceux qui ne peuvent pas suivre financièrement, et surtout comprendre, qu'ils s'achètent donc des DTdi, Hdi, Dci!<br /> <br /> <br /> J'espère qu'il leur restera quand même de quoi s'offrir un plein de gasole!<br /> <br /> <br /> Le pétrole a baissé, quel bonheur!
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