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LE BLOG DE LA JAMAIS CONTENTE.
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22 décembre 2009

Saab 900 : what else ?

saab_900

Pour les siècles des siècles, Orff implique Carmina Burana, il n'y a rien de nouveau chez Erich Maria Remarque (il est toujours à l'ouest), Kafka se métamorphose à l'infini et Lelouch rime ad vitam eternam avec chabadabada. Par ailleurs, pourrions nous seulement imaginer un Trust non antisocial ou un Jean-Michel Jarre sans oxygène ? Ainsi abondent les créateurs (re-)connus que par une seule et unique oeuvre, et le constat se vérifie aussi en automobile. Pas d'AC sans Cobra, de De Tomaso sans Pantera et de Saab sans 900 !

Définitivement, la 900 recèle et symbolise Saab à elle seule. Et pourtant, dévoilée en 1978, elle doit à peu près tout à la Saab 99 de 1968 (qui s'en souvient ?) dont elle n'est qu'une profonde évolution, tout comme la 240 dérive étroitement de la 140 chez les suédois d'en face. Objectivement, le pare-brise quasi vertical et les gouttières de toit trahissent déjà l'obsolescence d'une auto un peu trop bizarroïde pour écarter le béhèmiste pratiquant de ses références idéologiques. La 900 va cependant bénéficier d'une série d'opportunités marketing à même de façonner une légende. L'emploi systématique de la traction avant depuis les origines de Saab et l'investissement précoce de la firme dans la turbo-compression dès 1979 (via la 99 Turbo) va servir une image avant-gardiste en rupture avec le stéréotype de l'automobile suédoise que représentent les bahuts Volvo. Mieux, la publicité joue à fond sur les racines aéronautiques de la marque, qu'évoquent vaguement l'arrondi du cockpit et les jantes des 900 Turbo 16 opportunément surnommées "Aero". Et tant pis pour le Cx désormais quelconque, la 900 est d'abord "différente", un leitmotiv de la propagande Saab. A cela s'ajoute la bénédiction d'une version cabriolet particulièrement réussie puisque privée du disgrâcieux arceau qui enlaidissaient bien des baignoires à l'époque. Avec elle, l'amateur d'exotisme pouvait acheter une suédoise sans rouler en char d'assaut, le tout sans renoncer au sécuritarisme inhérent aux produits suédois.

La recette fait mouche et la 900 assied le succès du griffon dans les années 80, particulièrement chez les frustrés sécuritaires d'outre-Atlantique, mais non sans fossiliser l'identité Saab aux yeux de fondamentalistes convaincus d'appartenir à une élite définitivement à part. Tant et si bien que la 9000 eut du mal à se faire accepter comme une "vraie Saab" en raison des accords avec Fiat, matérialisés ici de façon trop voyante par une cellule centrale empruntée aux Lancia Thema, Fiat Croma et futures Alfa 164. Vaine considération dans le gigantesque meccano d'une industrie régie par les joint-ventures et les fusions-acquisition !

Qu'importe, c'est déjà le début de la fin pour Saab que GM reprend en 1990 mais n'en fait rien ou si peu. Au binôme 900/9000 succède le duo 9-3/9-5 sur base Opel. Abonné aux 4 cylindres, Saab y gagne au passage un V6 et accède au Diesel, désormais obligatoire en Europe. Hélas, l'opportunité de développer une large gamme "premium" allant de la citadine chic aux SUV est laissée à Volvo qui, sous la houlette de Ford, se défait avec succès de l'héritage embarrassant de la 240. Derrière les navrantes 9-2X et 9-7X, Saab ne peut offrir que des Subaru Impreza et Chevrolet TrailBlazer grossièrement maquillés, autant de moyens proportionnels au puissant intérêt de GM pour une firme aux abois. La clientèle vieillit, le réseau se délite et la marque attend comme Godot le renouvellement de la 9-5 tandis que de chimériques concept-cars meublent une actualité désespérément vide. Déjà, certains vautours venus de Chine ont arraché au mourant les droits de fabrication de ses véhicules. La fin de Saab ressemble étrangement à celle de Rover.

9_5_euroncap

Alors, que s'est-il passé chez Saab depuis l'emblématique 900 ? A vrai dire, quasiment rien, il n'y a rien à pleurer. Vous pouvez donc arrêter l'histoire à 1994 et jouir à l'envi de LA Saab définitive... et de ses cours à la hausse.

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Commentaires
B
Mais OUI, mais c'est bien sûr !<br /> <br /> C'est une répétion du meurtre de Lancia !!
O
On ne va pas me baiser sur la géo, les produits Saab et Volvo sont bel et bien fabriqués en Suède.<br /> <br /> Nulle finnoiserie n'est à entendre chez nos constructeurs de voitures d'autant que par le passé, si ma mémoire et ma sinusite ne me gâtent pas encore trop l'encéphale; l'envahisseur suédois a laissé quelques souvenirs et une communauté suédophone importante en Finlande, sans compter les misères infligées naguère par l'Empire de la Sainte Russie à la Finlande, Royaume ventre mou d'un géographique "entre-deux" peu confortable. <br /> <br /> Je veux bien rire, mais où?<br /> <br /> Bon, ça, c'est nettement moins drôle: <br /> <br /> Un des points faibles récurrents des Saab 900/9000 concerne une boîte de vitesse qui a des signes de faiblesse autour de 70 000 km. <br /> <br /> D'autre part, la plus grande sophistication technique de Saab à l'opposé des solutions conservatrices de Volvo, se fait payer fort cher en pièces et main d'oeuvre dans le réseau. <br /> <br /> Ce qui n'empêche nullement les Saabistes de trouver des spécialistes compétents indépendants dont les adresses circulent sur les forums dédiés et cela, à des prix moins obscènes! <br /> <br /> Saab grand spécialiste de la turbo-compression à tractions puissantes, offre un style décalé inimitable tout en soignant ses occupants par un grand confort. <br /> <br /> Désolé! Mon compteur s'est arrêté aux Saab 900 Turbo et 9000 Turbo dont les 180 chevaux et plus trouvaient le rail de gauche des Autobahnen jamais assez long. <br /> <br /> De quoi faire tourner les têtes des passagers des conducteurs au volant de puissantes allemandes. <br /> <br /> A ce petit jeu, loin de l'image "stodgy pudding" colportée par des plumitifs ayant autant d'esprit qu'une cocotte en papier, Volvo a toujours su offrir de série des berlines épicées pour une clientèle éprise de sensations fortes. <br /> <br /> Mais voilà, l'image forte de la 240 à gros pare-chocs alu des années 75/80 lui colle aux pneus comme un chewing-gum parasite adhèrerait à une godasse piétonne de passage; les faits sont têtus comme dirait De Gaulle! <br /> <br /> Pourtant, les 240 Turbo de 155 ch pigeaient les Saab 99 Turbo de 145 ch au début des années 80.<br /> <br /> Les Volvo 760 Turbo de 173, puis 182 ch ont étonné tous ceux qui ont l'habitude des berlines très rapides. <br /> <br /> Sans compter, les modèles Volvo ultérieurs 850/900/S 60 etc... à la présentation discrète (trop?) sans l'esbrouffe germanique, mais redoutables avec au volant des mains expertes. <br /> <br /> La dilution progressive et l'asservissement technique de Saab à son suzerain GM a lassé une clientèle fidèle et exigeante, d'essuyer des pannes à répétition (V6 catastrophique!)fort coûteuses bien éloignées de leurs bouillantes aïeules. <br /> <br /> Ironie technologique, Volvo ayant amorcé sa Révolution culturelle avec l'avènement de sa puissante traction 850 à l'aube des années 90, la marque de Göteborg, quasi-institution en Suède demeure désormais le seul constructeur suédois. <br /> <br /> Pour combien de temps?
G
Voire...<br /> Etant assez fan de la 900 pour envisager l'achat d'un morceau d'Histoire, j'ai fait l'amère découverte que les Saab 900 ROUILLENT, et pas qu'un peu!<br /> L'acier Suédois n'est donc plus ce qu'il était?
P
Dois-je l'avouer, je fais partie des frustrés de la 900 des années 80, surtout la “900 turbo” dont le nom claquait alors comme un fouet de cocher menaçant le ciel radieux de ses germaniques concurrentes.<br /> <br /> Elle symbolise aussi pour moi la quintessence d'un style qui n'en a pas, ou plûtot celui d'un heureux télescopage entre fonctionnalisme et aéronautique qui a su ébranler la concurrence.<br /> <br /> Malheureusement lorsqu'en 2000 je me mis en quête d'un morceau de suède, la flamboyante originalité n'était plus de mise et bien que la 9.3 Aero de mon essai ne fut pas dénuée de qualités, le charme avait disparu. Dépité, je replongeais dans mon verre de schnaps...
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