Point limite zéro.

Un homme, une voiture, la route, quelques substances illicites et c'est parti pour une folle course en avant uniquement motivée par ce pari fou, rallier Denver à Frisco (1267 miles soit 2000 de nos kilomètres) en moins de 15 heures. Du taciturne héros, Kowalski, nous ne saurons pas grand chose au-delà des quelques bribes distillées à longueur de flash back. Qu'importe, il est déjà parti et pulvérise les maximum autorisés. Alors, fatalement, la police lui colle aux basques. En vain. La Dodge Challenger R/T coupe la route plus qu'elle ne la suit. En perpétuel porte-à-faux avec les règles, Kowalski ignore limites et lignes blanches, à la différences de poursuivants qui déclarent forfait sitôt dépassée la frontière de leur juridiction.

Super Soul, animateur déjanté d'une radio libre s'enquiert de la folle cavale et érige bientôt notre speed-maniac en dernier héros de l'Amérique libre. Une épopée moderne se constuit en temps réel sur les ondes mais son acteur involontaire n'en a cure. Ni la police, ni le désert, ni les communautés utopistes qu'il y rencontre, pas même la jolie pompiste, ne sauraient l'écarter de sa fuite en avant. C'est que Kowalski a déjà passé le point de non retour (d'où le titre) qui le conduira finalement au suicide. De fait, la véritable question qui nous tient jusqu'au bout en haleine n'est plus de savoir s'il va s'arrêter mais qui va le stopper...

Road movie filant à tombeau ouvert au rytme endiablé de la musique soul, Point limite zéro est à l'automobile ce qu'Easy rider fut aux deux roues : le baroud désespéré d'une âme trop libre pour rentrer dans une case. Quelle vision épique du voyage en automobile ! Et après pareille échappée sous speed, de peur de me faire cauchemarder, ne me parlez surtout pas de Filtre à Particules ou de HDI bonusés. J'ignore pourquoi, je ne puis imaginer trip comparable avec une 3008 gris métal.

A cause de la couleur, peut-être ?

Point limite zéro (titre original : Vanishing Point) de Richard C. Sarafian (1971), avec Barry Newman.               

Comments

[Jordan]

Très beau résumé... le dernier paragraphe sonne tellement vrai! Les 3/4 des productions actuelles font appel à la raison - crise et environnement obligent - plus qu'à la passion. Et bien que la 3008 sorte un peu du lot chez Peugeot, c'est pas l'Amérique!

Je compte bien continuer à rouler en américaine ancienne tout le temps que je pourrai...