Six sinon rien.
Il y a des situations où je confesse un total manque de tact, particulièrement lorsqu'on verse un Bordeaux dans un gobelet en plastique sous mes yeux déconfits, lorsqu'une pseudo-élégante ose m'aborder en bottes SANS talon ou qu'un blaireau se hasarde à me vanter son merveilleux HDCTDi qui ne boit pas autant que lui.
Nul besoin d'enfiler une mouche, depuis ce jour béni où la symphonie enchanteresse des six cylindres bavarois m'a mis en émoi, je voue une condescendance quasi aristocratique à la fatalité des quatre cylindres obligatoires pour tous, Diesel par surcroît. Doux, rageurs, stridents, métalliques, les six cylindres déclinent leur très expressive musicalité sur toute la plage du compte-tour pour mieux faire du bête transport automobile une fête des sens renouvelée à chaque démarrage. En somme, un "6", ça chante, quand un "4" ne fait que du bruit.
Alors, forcément, cela devait arriver, je me suis heurté à un alfiste messianique prêchant les délices auditifs de son fameux "double arbre". Avant de se fritter, il m'a confié le volant de son GTV 2.0. Certes valorisée par un interminable capot suggestif et des arêtes vives contrastant avec quelques courbes inspirées, l'auto en jette. Quantités de BMW pourraient lui envier la répartition idéale de ses masses et son freinage mordant (mais pas son exécrable commande de boîte ni sa finition de m...) Et le volant en véritable ronce de formica fait son petit effet au sortir d'un habitacle funèbre d'outre-Rhin.
Reste le moteur. Quel moteur ? Désolé, au risque d'en choquer, les 130 chevaux d'orgeuil ou de feu bruyamment annoncés jadis par la pub, m'ont fait l'effet d'une aimable promenade dominicale en poussette. L'impression de souplesse prédomine, et si le double arbre sait aussi monter dans les tours, c'est dans un vacarme sans grande magnificence qui casse les oreilles plus qu'il ne les flatte. A l'évidence, il manque les deux cylindres à même de transfigurer cette Alfetta recarrossée. Bref, vive la GTV6 2.5, honte à la GTV 2.0 !
Ceci dit, la différence de carrure entre de mon hôte et moi-même, m'incita et redécouvrir les vertus de la diplomatie...