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LE BLOG DE LA JAMAIS CONTENTE.
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22 novembre 2010

Eloge de la friche.

PhotoAddiction

Depuis la redécouverte de Pompéi, l'Occident que d'aucuns croyaient si rationnel, s'est trouvé une passion pour les ruines, allant jusqu'à évoquer, à l'image de Diderot, la "poétique des ruines". Dès lors, statues décapitées et colonnes abattues n'ont cessé d'inspirer imaginaire et fantasmes, des gravures de Piranèse aux communautés photographiques sur Flickr. Mais si les ruines fascinent tant, c'est qu'elles nous rappellent que toute entreprise humaine a une fin. Y compris les symboles trop oxydables de notre mythologie moderne. De Flint, Michigan à Boulogne-Billancourt, forteresses ouvrières et temples de la production de masse ont à leur tour mordu la poussière, vaincus par l'irrésistible migration de nos industries vers le Levant.

Ainsi la civilisation du microprocesseur remplace celle de la machine-outil, un bouleversement particulièrement flagrant dans une Angleterre post-Thatcher qui mise tout sur le le tertiaire, laissant partir à vau-l'eau son industrie automobile de masse. Dernier vestige de ce qui fut le quatrième constructeur mondial et le premier européen, MG Rover ferme son unique usine de Longbridge en 2005, laissant quelques 6000 ouvriers sur le carreau. Les repreneurs chinois ne s'intéressent qu'aux transferts de technologie et autres droits intellectuels. La majeure partie du site est donc vendue puis démolie à l'exception d'un dernier  carré dévolu à la MG TF, dont la production reprend péniblement, en 2008, en attendant un hypothétique nouveau modèle conçu en Chine.

Entretemps, un explorateur de mémoire en friche, Michael Scott, a pu immortaliser l'usine promise aux pelleteuses. Devant son  objectif se dévoile le décor opalescent d'un film de zombies. Les ouvriers semblent avoir quitté précipitamment les lieux que ravagent déjà l'eau et les herbes folles. Émergeant des clairs-obscurs, des carcasses de Rover 25, 45 ou 75 inachevées nous rappellent que nous visitons un cimetière... 

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Avouons-le, le sort de Rover nous importe moins que la fascinante atmosphère des lieux. C'est ainsi. Diderot ne prétendait-il pas qu'"il faut ruiner un palais pour en faire un objet d'intérêt ?"

Les amateurs de friches industrielles pourront poursuivre cette charmante promenade sur le site de Michael Scott. Dans le même genre, je recommande à tous les allumés qui, comme moi, voient de la poésie dans la ferraille corrodée, le remarquable site d'exploration urbaine "Forbidden Places".

 

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Fascinant
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