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LE BLOG DE LA JAMAIS CONTENTE.
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1 juillet 2011

L'aire des laides.

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Horreur à la une ! Rassurez-vous, il ne s'agit pas là du restylage que la Citroën C6 attend comme Godot. Par bonheur, ce gag ambulant digne des pseudo-scoops et potins foireux d'Auto-Torchon n'est qu'un "mulet" destiné à valider les dessous de votre futur idiospace. Des stagiaires du bureau d'étude Citroën se sont sans doute beaucoup amusé à "embellir" cette saucisse d'optiques d'Audi Kéké et d'une myriade de LED à la K2000. Aujourd'hui, cela fait encore rire, preuve que le bon goût n'a pas complètement disparu,  mais demain, vous roulerez dans pareil sapin de Noël. Vraiment ?

Pépées et bagnoles se disputent, on le sait, le temps de cerveau disponible du mâle alpha. Toutefois, si la norme érotique occidentale conduit les sylphides en fleur à onduler de la croupe en fute taille basse et chausses fines, c'est tout le contraire que l'on observe chez leurs rivales en pneumatiques. Ceintures de caisse hautes comme la taille d'une  Marie la Vertu, pointures d'écrase-merdes : on a connu plus gracieux comme muse ambulante. Est-ce pour cela que tant de jeunes coqs évoquent leur Tédéï Esse-laïne ou autre Trois Trente Dé au masculin ?

Las, le design automobile se vulgarise à marche forcée depuis au moins dix ans. Comparez 406 et 407 coupé et vous comprendrez. Cela a commencé avec les outrances des années Bangle, l'homme qui a défiguré les BMW. Son style déconstruit, fait d'un amoncellement de formes géométriques disparates a eu beau s'assagir en descendant en gamme, le goût du lourdingue a gagné la planète automobile, de la citadine de pouffe au tank de ploutocrate. Cela a continué par la vogue du blanc, teinte synonyme chez nous d'utilitaire inodore, mais prisée des pétromonarques à fort pouvoir d'achat, puis vint l'aire des LED (l'aire des laides !) qui constellent vos autos comme autant d'arbres de Noël.

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Regardez donc à chaque coin de rue le péquin moyen au volant de monstres à roulettes exhibant pêle-mêle gueules béantes, regards de tueur et indispensables guirlandes de LED. Bling-bling quand tu nous tiens ! S'y prête l'air d'un temps privilégiant l'exhibition décomplexée de ses stocks-options à l'hypocrisie égalitariste de nos vieux frontispices. L'exemple vient d'en haut si l'on en juge les caprices d'un président à la maturité affective d'un adolescent de treize ans ou les frasques vomitives d'au-delà des Alpes.

Pire, la stagnation de la croissance européenne et la migration de l'épicentre du marché vers l'Asie conduisent les constructeurs à courtiser les primo-accédants chinois impatients d'afficher à leur tour les signes ostentatoires de réussite sociale. Alors, il faut que ça brille, il faut que ça en jette (et tant pis si le moteur n'a rien de sportif et le conducteur, rien d'un pilote.) J'appelle cela le stade phallique de  l'automobiliste, et il se pourrait bien que ces clients immatures mais de plus en plus nombreux, dictent demain l'archétype de la voiture universelle comme le fait la ménagère de moins de cinquante berges pour la télé-poubelle.

Regardez encore nos rues encombrées d'horreurs trop voyantes. Le marché globalisé semble avoir tranché. Le client européen, hier encore étalon mondial, a-t-il toujours les moyens d'influer sur le contenu de son garage ?

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Commentaires
G
Cette C6 n'est pas un mulet, mais bien l'oeuvre isolée d'un particulier. J'ai eu l'occasion de les rencontrer, lui et sa voiture. Un grand moment.
P
Si nos contemporains avaient bon goût ou, a minima, une quelconque culture automobile, cela se saurait et nous ne serions pas agressés par cette immense pollution visuelle que constitue la foultitude des 4X4 et autres horreurs haut perché destinés à satisfaire tout à la fois l’ego de madame, celui de monsieur et bien entendu, celui démesuré de ces chères têtes blondes qui ne sauraient se rendre à l’école autrement que dans un char d’assaut afin de bien faire comprendre aux petits copains qui sera le futur leader…<br /> <br /> En ce qui me concerne, je ne daterais pas le début de la catastrophe aux premières élucubrations de Chris Bangle, qui ne fut jamais au fond que l’expression de cette mondialisation du goût, que visiblement, nous sommes quelques-unes à détester.<br /> <br /> La laideur gagne du terrain (Raymond Loewy doit se retourner dans sa tombe) depuis au moins une génération. Celle des adeptes de la voiture à vivre et autres foutaises. Celle qui vous envoi son gazole puant et nuisible sans aucun problème de conscience. Celle qui vous empêche de voir le paysage lorsqu’elle est devant vous au motif qu’elle promène ce qu’elle a de plus sacrée, à savoir sa petite famille (ce qui l’autorise donc à rouler dans une armoire normande obstruant la visibilité tout en étant terriblement dangereux pour les autres). Celle qui cause développement durable et empreinte écologique à longueur de pause-café mais qui chausse du 46 et pousse de l’air au volant d’un engin anti aérodynamique d’1,90 m de haut et de 2 tonnes tranquillement chaussés de 245/40/19…<br /> <br /> En terme d’influence économique et culturelle, l’Europe recule, dépassée par d’autres continents… Quoi d’anormal qu’en ces périodes de mondialisation aiguë, un autre goût (que l’on considère évidemment comme mauvais) s’impose à nous…<br /> <br /> Pour moi, le mur du “çon” fut pulvérisé en 2005 par l’anglais Ken Greenley (l’auteur des lignes de l’Aston Vantage des années quatre-vingt-dix et de la Bentley Continental R), lorsqu’apparue le Ssangyong Rodius dont il justifia les lignes en disant qu’un constructeur de niche ne doit pas rentrer dans les canons du design !<br /> <br /> L’antithèse de Raymond Loewy en quelque sorte.
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