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Il était une fois un constructeur automobile dont les produits étaient symptomatiques d'un état de sénilité avancé. Il s'agissait là d'un handicap rédhibitoire dans une société gérontophobe qui cache honteusement ses rides et fuites urinaires. L'âge pourri succédant à l'âge mûr y est à ce point tabou que même les magazines pour nos "aînés" (ne dites jamais vieux fossiles) affichent en couverture de sémillants retraités à gueule d'éphèbes. Au désespoir de racoler la jeunesse non encore impuissante, le constructeur frappa un grand coup médiatique en décrochant plusieurs années de suite le championnat du monde des rallies. Et l'on vit bientôt le dernier modèle maison se transformer en robot danseur de tektonik à longueur de spot télé. Tout ce cirque pour refourguer d'honnêtes familiales Diesel dont la puissance moyenne oscille entre 90 et 110 ch ! Quand bien même la firme n'avait aucun modèle véritablement sportif ni la vocation à le faire, il faut faire "sport", que dis-je "racing" tant le goût pour le "confort" tient en ce pays du délit d'impuissance.
Plus fort, la firme gérontophile s'invita dans un simulation de pilotage automobile assez peu pratiquée aux thés dansants des clubs du troisième âge. Dans la foulée, elle dévoila au dernier Mondial un onirique bolide hésitant entre le délire de designer frustré et le fantasme de boutonneux attardé. Mieux, la société préférée du quatrième âge dépêcha son styliste en chef dans une émission télévisée matinale où le monsieur laissa entendre une éventuelle commercialisation en très petite série de l'ubuesque GT. Il ne s'agissait pas là d'une information, pas même d'un message subliminal, tout juste d'une hypothèse orale émise comme un propos de comptoir. Il n'en fallut pas moins pour que les forums électroniques s'enflamment, que les pisse-copies carburent et que les commentaires fusent. L'on ressortit pour l'occasion les jolies photos gratuitement fournies par des communiquants qui ont dû boire du petit lait.
Quid de la capacité d'un constructeur généraliste à mettre dans la rue une GT aussi étrangère à sa culture industrielle ? Quid de la viabilité d'un tel caprice alors que l'on ne juge même pas rentable de mettre sur le marché une C4 VTS de plus de 150 ch ? Peu importe, l'essentiel est aillleurs. Citroën a simplement meublé l'espace médiatique pour pas un rond, voilà ce qu'il fallait retenir. Mais libre à vous de croire au père Noël, en Little Bouddha ou en Dieu, cela ne coûte pas plus cher.