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LE BLOG DE LA JAMAIS CONTENTE.
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5 octobre 1998

Je t'aime. Moi non plus !

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"Peut-on enfin aimer l'Allemagne ?" titrait voici quelques années un mensuel grand public. Soixante-cinq ans de paix en Europe n'ont pas complètement altéré le poids de trois invasions du militarisme allemand en moins d'un siècle (pour paraphraser une affiche anti-CED de 1954). L'ambiguïté de l'amitié franco-allemande demeure alors que le succès réel de la deutsche qualität chez les automobilistes français n'est pas nécessairement synonyme de germanophilie spontanée.

Depuis 1940, où elle fut balayée militairement en moins de six semaines par le IIIe Reich, la France nourrit secrètement un complexe d'infériorité vis-à-vis de son voisin. Ce complexe, elle a tenté de le dépasser en renouant avec un rayonnement international et une vocation messianique plus ou moins fantasmée, alors que l'Allemagne, discréditée par la période nazie, n'était plus qu'un nain politique. Peine perdue, la prééminence de l'économie puis de la finance n'a que davantage souligné une différence de puissance dont l'industrie automobile est de nos jours la triste illustration.

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Les plus anciens se souviennent des budgets colossaux alloués par le IIIe Reich à Auto Union et Mercedes pour illustrer une supériorité allemande nazi-abonde en course automobile. Même après la guerre, et jusqu'au retrait de Mercedes des Grands Prix suite au tragique accident des 24 heures du Mans 1955, la suprématie des flèches d'argent met en exergue la cruelle absence de rivale française, sur les circuits comme sur route ouverte. Alors que la dernière guerre a sonné le glas de nos plus prestigieuses firmes automobiles, des orphelins de grandeur nationale nourrissent chroniquement l'espoir d'une Mercedes ou d'une Porsche à la française, espoir que les Peugeot 604, Alpine V6 et autres Venturi ont déçu.

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La presse mais aussi les constructeurs eux-mêmes ont flairé le filon revanchard derrière le complexe français. On se souvient du film publicitaire de la R21 Turbo, mise en scène sur autoroute teutonne, comme un défi aux reines de l'autobahn ou de ces campagnes de presse où Renault se félicitait de vendre plus de voitures en Allemagne que Volkswagen en France. Qui dit complexe dit aussi susceptibilité. Lors du centenaire de la voiture à moteur, des érudits français ont contesté à Mercedes-Benz le titre d'inventeur de la bagnole. On a ressorti pour l'occasion le Fardier de Cugnot et le cycle Beau de Rochas des poubelles de l'Histoire.

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Il n'empêche. En 2012, l'insolente prospérité des constructeurs allemands souligne comme jamais la santé précaire des nôtres et leur piètre image dans les enquêtes d'opinion. Les photographes étrangers en quête de Citroën C6 ou d'autres curiosités nationales à chaque coin de rue parisienne en seront pour leurs frais. Chez nous comme ailleurs, les taxis préfèrent Mercedes, les cadres plébiscitent Porsche ou BMW, les classes moyennes épargnent pour leur future Golf et les d'jeunes rêvent d'Audi, la marque qui monte. Ici comme ailleurs, rouler allemand conjugue réussite et respectabilité sociale tandis que la Citronault Pipo de gouttière est l'apanage du perdant franchouillard.

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Pour autant, le succès des voitures allemande traduit-il une poussée de germanophilie dans un pays que l'on dit volontiers chauvin ? Rien n'est moins sûr. Franchement, combien, parmi les thuriféraires d'Audi qui médisent de la Peutroën sur la blogosphère, rêvent de passer leurs vacances en Allemagne, se passionnent pour le cinéma allemand ou parlent avec amour de la langue de Goethe ? Aimeraient-ils davantage les marques allemandes que les allemands eux-mêmes si nous avions conservés nos Delahaye, nos Talbot-Lago et nos Bugatti au sommet de l'excellence automobile ? Éléments d'explications par Daniel Goeudevert, petit français devenu numéro 2 de Volkswagen dans les années 1980 :

"Les Français admirent les Allemands mais ne les aiment pas. Les Allemands aiment les Français mais ne les admirent pas. On adore posséder une Mercedes, une Porsche, une BMW mais on aimerait que ça vienne de France. Malheureusement, ça ne vient pas de France... "

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Je sais maintenant pourquoi ça me fait autant ch... d'aimer les BMW !

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