Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LE BLOG DE LA JAMAIS CONTENTE.
LE BLOG DE LA JAMAIS CONTENTE.
Visiteurs
Depuis la création 141 899
19 décembre 2008

Goodbye Lenin.

renault_25_v6_turbo_130

Il était une fois dans une Union soviétique qui avait bien tourné, la Régie Socialiste des Usines Renov.

Au pays où l’auto n’allait pas sans mobile, la Régie Socialiste des Usines Renov fournissait le camarade contribuable en bagnole sinon en opium, à la faveur d’une Turbo-mutation de la poubelle ordinaire. Et pour ceux qui n’avaient pas les moyens d’acquérir une R12 Gordinski ou une R5 Alpinovitch, Renov hissait haut les couleurs du prolétariat dans les Grands Prix de F1 aux yeux et à la barbes des nations capitalistes. Il fallait bien flatter la masse laborieuse en ces temps ennuyeux où la Béhême et l’Audi n’étaient encore que l’apanage d’une minorité d’asociaux pervertis par le Grand Capital.

 

Si ce n’étaient quelques vaines tentatives de putsch des socio-traîtres Citronov ou Peugowski, la RSUR ignorait jusqu’au mot « concurrence ». L’exportation ? Une lointaine et obscure préoccupation d’aventurier post-colonialiste face à l’attrait d’un pré-carré de France tout acquis à son losange. Les clients, pardon, les candidats acquéreurs, évoluaient en grade sur une échelle sociale graduée de la R4 à la R30, et tous étaient contents puisqu’ils vivaient dans le meilleur des mondes possibles. Si, d’aventure, certains camarades devaient essuyer quelques plâtres, gageons qu’il s’agissait là de la contribution de chacun à l’édification du Socialisme. En cas de pépin, la permanence Renov était toute disposée à offrir à l’usager un autocollant et un stylo magique à l’effigie du camarade Alain Prostkovich. Dans les cas les plus extrêmes, on pouvait même lui vendre une autre Renov.

 

 

renault_r25_1988_01_m

 

 

Le 23 vendémiaire de l'an 191 après la Révolution (1984 chez les socio-traîtres) le Parti lança le nouveau fleuron socialiste, la R25. Bien qu’affichant une sophistication à base d’électro-gadgets et de nids à bugs sans grand rapport avec le minimum syndical préconisé par la CGT, la Régie se défendit de tout embourgeoisement. « La philosophie de Renov, en abordant le haut de gamme, c’est de traiter le problème à la façon Renov, c’est-à-dire en privilégiant beaucoup plus les prestations et les qualités de la voiture que le statut social » arguaient alors les prêts à recopier envoyés aux pravdas automobiles.

 

C’est ainsi que dans ce pays où le « haut de gamme » tient d’avantage au présentoir à fanions qu’à l’aura du blason, la R25 emmena à la fois les cols bleus vers les rives de la Méditerranée que les cols blancs vers les cimes de la Mitterrandie. Haut de gamme populaire et haut de gamme d’Etat, elle remplit la mission assignée par le Parti sans qu’il fut besoin de se préoccuper outre-mesure d’une concurrence trop peu développée pour songer à changer le turbo-poumon et le tourne-broche hérités de la R20 qui sévissaient encore sous son immense capot de paisible limeuse d’autoroute.

 

Pour certains apparatchiks pressés « pour raisons d’Etat » par des maîtresses « d’Etat » sollicitant des faveurs tout aussi é(x)tatiques, on avait prévu le V8 à six pattes dont les 144 mulets rentraient plus facilement dans la cour des édiles que dans le cœur des idoles. Cela suffisait amplement à vrai dire pour se faire l’Elysées-Matignon le jour et l’Elysées-Montmartre le soir venu.

 

1990_03_V6_Turbo_Baccara

 

Toutefois, la Régie Socialiste des Usines Renov se montra préoccupée par les importations sauvage d’Audi 200 Turbo, BMW Mesrine style et autres subversions capitalistes qui détournaient de plus en plus de camarades du Socialisme. Pour ramener ces asociaux vers le droit chemin, la RSUR concocta une R25 V6 Turbo forte de 180 ch et promise au 220 chrono sous l’alibi sécuritaire de l’ABS optionnel. Dans un pays où le Grand Tourisme était soluble dans la grande série, l’arrivée d’une telle bête provoqua autant de curiosité que d’animosité. Un char de l’Etat qui se prend pour une supercar à rupin : trahison envers la Révolution ? Le Parti se disculpa en vantant les mérite du premier système d’ABS de conception socialiste qui ne devait rien à Bosch, l’habituel fournisseur des marques renégates.

 

Mais l’Histoire était semble-t-il déjà en marche. Entre-temps, la gauche avait découvert le caviar sous les ors de l’Ancien Régime et le camarade Mitterranov se défendait déjà de toute dérive monarchiste. Pour la seconde partie de son règne, pardon, de son mandat, les armées de courtisans mitterrandolâtres ou simples arrivistes chouchous du Prince ne se déplaçaient plus qu’en R25 V6 « Baccara ». « Baccara » sans le « t » final pour ne pas faire de publicité à la cristallerie d’art, ce qui n’empêcha pas les spécimen concernés de se couvrir d’une surabondance de cuirs graisseux et de boiseries rococo à faire pâlir la plus antisociales des limousines ennemies. On était déjà loin du blue jean’s biodégradable des kolkhoziennes R5.

 

Sans_titre_Num_risation_04

 

D’aucuns, parmi ceux qui ne croyaient plus en Dieu ni en Marx, remarquèrent que si tout les camarades étaient égaux, certains l’étaient plus que d’autres. En langue de bois, on appelle cela le « réalisme de gauche », en bon cynisme, « le socialisme de marché ». Voilà comment la R25 contribua à l’effondrement en douceur de la dernière République Socialiste d’Occident. L’empâtée Safrane qui lui succéda en 1992 unit bien vite anciens révolutionnaires et néo-conservateurs dans le consensus mou de ses banquettes pullman alors que la Régie Socialiste des Usines Renault passa dans le secteur privé comme une lettre à la Poste, deux ans plus tard.

 

Goodbye Lenin.

Publicité
Commentaires
M
perso,j'ai surtout été possesseur de Renault 21 équipées du moteur 2 litres équipant déjà les R20 Ts,j'en ai quand même emmené une à plus de 300000 kms,moteur encore vaillant mais la caisse bouffée de rouille...<br /> <br /> puis les Renault 21,avec le moteur 2 litres injection 120 cv qui permettaient un bon 200 sur autoroute..la voiture était légère 1100 kgs et correctement profilée .<br /> <br /> la Turbo avec ses 175 cv ,de mauvais goût certes extérieurement avec ses ajouts en plastoc et un intérieur très basique certes,mais d'excellents sièges,et une pêche phénoménale emmenant la voiture à 230 km/h ,tenue de route et freinage à la hauteur des performances que des étrangères de haut de gamme n'atteignaient même pas !<br /> <br /> puis les 2 l 12 soupapes TXI sur une berline au look de turbo ,mais ne disposant que de 140 cv avec une boite courte offrant de bonnes perfs ..210 km/h tout de même ..<br /> <br /> j'en possède encore une roulante que je vais faire reconditionner totalement pour le plaisir qu'elle a pu me procurer !<br /> <br /> ce qui est dommage,c'est que la Régie n'a jamais su faire de modèles haut de gamme attractifs hors de nos frontières,alors qu'elle possède un savoir faire incontestable ( moteurs d'avions) sur le plan mécanique et que ses moteurs sont pratiquement increvables si les vidanges sont régulières ..<br /> <br /> reste les carrosseries ,alors là il faudrait faire preuve d'un peu plus d'audace,et sortir un peu de la franchouillardise qui règne au sein de cette institution un peu trop figée !
J
Ah, la R25, ça vous posait son cadre sup', dans les années 80! Aujourd'hui, ça a plutôt tendance à poser le zyva tendance RMIste (le zyva smicard roulant en béhème série 5 tunée avec 300 000km au compteur)<br /> Sinon, moi, j'ai toujours eu un faible pour les 604, à cause de la caisse 3 volumes et du côté un peu désuet, comme les Anglaises premium des années 50-60 (Alvis, Armstrong-Siddeley, Rover P5, etc.)
O
Alors que les pseudo-auto-proclamés héritiers du Général de Gaulle singeaient ses goûts automobiles en roulant en DS, puis en CX, les tristes sires de la gauche triomphante et revancharde fit de la R 25 leur carrosse attitré, propre à éteindre toute velléité bourgeoise au sens marxiste du terme, auprès des camarades de la CGT, pour laquelle "quand Renault tombe malade, le reste de la France s'enrhume".<br /> <br /> <br /> En France, le goût pour les berlines à hayon s'est imposé depuis l'arrivée et du succès progressif de la Renault 16 en 1965, sous l'autorité de Pierre Dreyfus, alors Président de la Régie Renault.<br /> <br /> <br /> La gamme R 20/30 a repris la recette audacieuse du hayon dans le segment conservateur du haut-de-gamme avec du succès en Renault 20; la plus élitiste R 30 TX et ses 15 CV étant réservée aux grands commis de l'Etat ou autres particuliers enrichis empreints de chauvinisme!<br /> <br /> <br /> En France donc, les clients apprécient les berlines à 5 portes et la R 25 se devait de ne pas décevoir.<br /> <br /> <br /> Le problème, c'est que sur les marchés allemand et espagnol, la berline "à malle" fait foi si l'on en juge l'appétence des Espagnols pour la R 7, extrapolation douteuse à coffre de notre bien connue R 5.<br /> <br /> <br /> Prévoyants ou simplement opportunistes, Ford, VW, Opel, Saab se sont appliqués à faire plaisir à tous ses marchés en proposant les deux modèles de carrosserie:<br /> <br /> Comme respectivement, le doublé Escort/Orion, la VW Golf/Jetta, l'Opel Corsa, les Saab 900/9000,...<br /> <br /> <br /> Tant pis pour les autres, la R 25 satisfera les desiderata des Français. <br /> <br /> Sur un segment haut-de-gamme, c'est plutôt gonflé!<br /> <br /> <br /> Les volumes de vente étant moindres que les petites autos économiques qui sont le gras du business du généraliste qu'est Renault, trouver de la profitabilité ne va pas être une mince affaire!<br /> <br /> <br /> La Renault 20/30, sorte de copié-collé "démoulé trop chaud" de la R 16 n'avait pas convaincu par son style; la CX concurrente avait une ligne futuriste tandis que la sage Peugeot 604 classique et élégante, revêtait le sobriquet de "Mercedes française"! Rien de moins!<br /> <br /> <br /> Les bouillantes berlines Superluxe d'Outre-Rhin portaient déjà leurs costumes chics "trois pièces" en la présence d'une carrosserie "tri-corps" (ou à coffre) très racée et en imposaient tous azimuts! <br /> <br /> C'est dans cet environnement que la R 25 est née.<br /> <br /> <br /> Ne soyons pas anti-Renault primaires, camarades, ni secondaires, car notre amie est fort jolie par rapport à son prédécesseur laideron!<br /> <br /> Gaston Juchet, père de la R 16 a su rendre attractive sa R 25. <br /> <br /> Certes, la présence d'un mobilier intérieur issu des gammes bon marché ne flattera certainement pas l'égo de notre bon bourgeois franchouillard amateur de belles choses.<br /> <br /> <br /> Mais il s'agit là d'une 15 CV, qui invariablement au moment de la levée de la vignette en novembre de chaque année, va arracher un sifflement d'admiration au comptoir du buraliste au paiement de la-dite taxe!<br /> <br /> Flagornerie à bon compte, sans doute!<br /> <br /> <br /> Mais au fait, était-elle si mauvaise fille que ça?<br /> <br /> <br /> La tenue de route et le confort de la R 25 sont de très bon aloi.<br /> <br /> <br /> De plus, la V6 PRV à injection au 2664 cm3 de 144 ch DIN était performant dans cette caisse légère à la finesse aérodynamique réelle.<br /> <br /> <br /> Pour mémoire, avec le même gros bouilleur, l'élégante Peugeot 604 STI et la massive Volvo 264 GLE à la calandre chromée très statutaire, plafonnaient à 185 km/h alors que la légère R 25 atteignait 204 km/h assortis de bonnes reprises, comme qui rigole!<br /> <br /> Face aux allemandes BMW 525 i ou Mercedes 280 E, le bilan s'assombrissait un peu... Beaucoup...<br /> <br /> <br /> Un quart de siècle plus tard, on observe que les félins 6 en ligne allemands sont "rincés" aux alentours de 200 000 km, tandis que le PRV a toutes ses compressions sans consommer d'huile, passe le cap de 400 000 km sans faire de gros frais.<br /> <br /> Qui a raison?<br /> <br /> <br /> C'est un choix d'étude mûrement réfléchi:<br /> <br /> <br /> -le couple des 6 en ligne allemands est placé en haut d'une courbe, autour de 4500 tr/mn, régime où les reprises à grande vitesse nécessaires sur Autobahn sont les meilleures, car telle est la vocation des 528 i et autres 280 E!<br /> <br /> Soit 180/190 km/h en croisière!<br /> <br /> <br /> -le couple volontairement "en table", autour de 3000 tr/mn du V6 PRV, allié à la limitation de sa puissance à 144 ch au lieu de 185, est un choix tri-partite qui a présidé à sa conception.<br /> <br /> On a cherché la "force pure" plus que la puissance:<br /> <br /> La force de traction est étonnante, dès les plus basses rotations, au détriment de la qualité des reprises à plus haut régime.<br /> <br /> Soit 150/160 km/h en croisière!<br /> <br /> <br /> Peugeot et Renault ont apporté leur savoir-faire en fonderie, Volvo ses précieuses études sur l'alimentation en essence et sa dépollution.<br /> <br /> <br /> Du reste en compétition, les 400 ch étaient envisageables sur un PRV gonflé, qui a également fait ses preuves dans ce domaine!<br /> <br /> <br /> Seulement voilà, la presse "vroum-vroum" de l'époque n'avait déjà rien compris au potentiel qui se cachait derrière la timide mélodie bourdonnante de ce V6, qui a eu une carrière mondiale et dont les dernières évolutions ont été commercialisées jusqu'en 1998.<br /> <br /> <br /> Et la Renault 25 V6 en a illustré le succès, à sa façon, avec 20% des ventes quand même, dans l'ensemble de la gamme R 25!
Publicité